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C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris que Momo nous a quitté, sa famille adoptive nous a transmit un bel hommage, très émouvant, que nous avons voulu partager avec vous :

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Il est des êtres qu’on ne remarque pas pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont…

Momo était de ceux-là. J’ai fait sa connaissance en juillet 2013, quelques heures avant un départ en vacances. Ce jour-là, j’ai rendu une petite visite à nos amis de la Compagnie des Chats. Dans un coin, seul, se tenait un gros chat qui somnolait comme le font les chats : pattes repliées, tête droite, yeux mi-clos. Il semblait indifférent à l’effervescence propre à un refuge félin : ni les tribulations joueuses de ses congénères, ni les va-et-vient des bénévoles ne semblaient le détourner de sa veille alanguie.

Pourtant, je le remarque. On me dit qu’il vient de la rue, qu’il est entré tout seul dans la trappe et a lancé un regard suppliant à ses sauveteurs pour qu’on l’arrache à sa misérable errance. Du coup, il n’a pas été relâché. Il est là. Il est là et il dort. Il dort depuis des semaines. Des semaines qu’il rattrape ce temps de sommeil que la rue lui a volé. Il a peu de chances d’être adopté. Momo semble vieux, la rue l’a abimé. Son poil est rêche, ses yeux presque blancs, probablement le fruit coups de griffes pour défendre un peu de tranquillité et de nourriture. Momo ne flatte pas… et ne cherche pas à flatter. Il veut juste dormir et ronronner. Je le soulève pour l’installer sur mes genoux, son corps massif est lourd, ses muscles sont durs. Quel contraste avec cette personnalité confiante, tranquille et douce que je pressens à la manière dont il se laisse porter. On m’avertit, lorsqu’on le caresse, il ne peut cacher son contentement et bave de plaisir. En effet, il ronronne et il bave sous ma main.

Nous venons d’acheter une maison. Le déménagement doit avoir lieu en décembre. Ni une ni deux, je propose d’adopter Momo après le déménagement.

C’est donc entre Noël et le jour de l’an de cette même année que Momo rejoint notre tribu féline et canine. Il s’intègre très rapidement, n’a pas peur des chiens et se trouve d’emblée quelques petits coins douillets pour s’adonner à sa passion : dormir ! Il se dispute souvent avec Ramses, sorti d’une triste maison alors qu’il était chaton. Question de tempérament sans doute car tout les oppose. Ramses est plaintif, nerveux, collant et vite effrayé. Momo est silencieux, stable, tranquille et confiant. L’un n’a jamais souffert, l’autre a payé le prix fort que paient certaines vies félines juste parce qu’elles sont venues au monde…

Une routine bienheureuse s’installe, ponctuées de visites chez le vétérinaire pour un douloureux virus incurable contracté dans la rue. Mais Momo a ce qu’il veut : il peut dormir tranquille. Il ne se lève même pas au bruit d’une scie électrique qui découpe une poutre au dessus de sa tête. La véranda sous le soleil, la chambre d’Elina sous les toits avec ses coussins moelleux, ses lits tout doux sont pour lui des lieux de béatitude. On ne le voit que le soir au moment du repas. Avec les autres quatre pattes, il vient nous écouter bavarder à table, un peu en retrait, heureux des caresses et des paroles qui lui sont destinées.

Lorsque la porte d’entrée s’ouvre, alors que certains de ses congénères quelque peu aventuriers cherchent à sortir, Momo se tient assis face à elle. Il regarde au dehors et semble se dire qu’il connait l’extérieur et son côté obscur. Peut-être, à ces instants, savoure t-il encore plus qu’à d’autres le bonheur d’avoir un foyer à lui, des soins, de la nourriture et de l’attention. Il sait la vie funeste des chats sans maison. Il ne veut pas quitter la sienne, même quelques secondes. Il répugne à sortir. La vie suit son cours, Momo est parmi nous, c’est très bien ainsi.

Mais Momo est un chat. Or, comme l’indique fort justement le célèbre syllogisme, tous les chats sont mortels. Momo nous a quittés. Il est parti en quelques jours, sans se faire remarquer, comme il a vécu… Nous avons tout tenté avec l’aide de la vétérinaire, qui elle aussi, nous a avoué que ce chat l’avait touchée par son « bon fond », puis nous nous sommes résignés face à l’inéluctable.

Dix jours plus tôt, nous perdions Baltique, notre chienne de 17 ans, bien que de façon moins brusque. C’est ainsi… Nous espérons que là où ils sont, ils connaissent une vie meilleure et prennent soin d’eux-mêmes.

Nous avons gardé Momo 3 ans et demi. Nous savions qu’il était vieux. Mais lorsqu’il s’agit de construire une relation avec un être, quel qu’il soit, l’âge a-t-il une importance ? Ou bien est-ce l’être qui est important ? Nous penchons pour la seconde option. La question n’est pas de savoir si nous le referons car nous le referons. Sans aucune hésitation. Merci Momo pour ta présence toujours discrète et bienveillante, pour ta placidité, ta sagesse et ton affection…